Antiquité
Il y eu probablement un camp romain (castrum), au lieu-dit le Castéras (promontoire au bout de la route de Saint-Lys, avant le virage en descente). Des fouilles ont permis de découvrir des squelettes, laissant penser qu'une bataille a eu lieu. Une pièce à l'effigie de l'empereur romain Néron a aussi été retrouvée sur les lieux. La disposition du site est identique à celle que l'on retrouve dans des camps romains avérés (Muret et Ox). Son emplacement a été choisi pour profiter d'une vue dégagée sur la vallée.
Une autre hypothèse suppose que le camp pourrait être un vestige de la croisade contre les Albigeois, au 13ème siècle. Les ossements seraient ainsi ceux de combattants enterrés à la hâte.

Moyen-Âge et Renaissance
Un premier château existe déjà au 12ème, ainsi que deux bâtiments et un moulin. L'unique vestige de ce premier château est le mur du cimetière, tandis que l'église actuelle aurait été construite sur les ruines de l'ancienne chapelle du château.

Comme tant d'autres villages, Saint Clar voit arriver les Hospitaliers (ou Chevaliers de Saint Jean), revenant des croisades au 12ème siècle. Ils reçoivent des terres à Saint Clar pour y établir une sauveté (agglomération sous la protection de l'Eglise, aussi appelée salvetat). Ils vont défricher les bois, la région est en effet encore couverte d'une immense forêt, dont celles de Rieumes et de Bouconne sont aujourd'hui les derniers vestiges. Les Hospitaliers vont également planter la vigne sur les coteaux et semer le blé. La forme triangulaire de la place telle qu'on la connaît aujourd'hui est probablement déjà figée à cette époque. Peu nombreux sont aujourd'hui les villages qui possèdent un tel espace central.
Saint Clar sera "lieu d'asile" pour les pèlerins sur le chemin de Compostelle. Après la croisade contre les Albigeois, la sauveté deviendra une bastide. Le village restera sous la tutelle des Hospitaliers jusqu'à la Révolution.
Deux autres châteaux seront bâtis sur la commune : celui du centre village, qui date du 17ème siècle, ainsi que le château de Géry (au bout du chemin du Piton), où les riches propriétaires menaient grand train de vie.

L'église date de 1745, son clocher fût construit un siècle plus tard. Elle abrita un temps les reliques de Saint Clair (patron du village, qui fut le premier évêque d'Albi et qui évangélisa une partie du sud-ouest ; ses reliques sont aujourd'hui à Lectoure) et d'autres saints. Dans la passé avaient lieu de nombreux pèlerinages et processions. La paroisse de Saint-Clar appartenait à l’archiprêtré du Lherm (aujourd'hui, elle dépend du doyenné de Rieumes).

Révolution et Empire
À la Révolution, les sauvetés sont dissoutes. Saint Clar est rebaptisé Plaisance d'Encataly (il s'agit alors de gommer toute référence à la religion), du nom du ruisseau appelé aujourd'hui Sagayot. Mais le village ne gardera ce nom que deux ans. Il compte 582 habitants (18 votants seulement ...) lors de l'élection des députés aux Etats Généraux, en 1790. Saint-Clar est à ce moment-là incorporé au canton de Muret, lui-même inclus dans le district puis de l'arrondissement du même nom (Muret devient ainsi sous-préfecture) depuis 1800.

La plupart des maisons donnant sur la place possèdent des couverts, c'est à dire un premier étage en surplomb de la voie publique, soutenu par des arcades (comme on peut en observer à Mirepoix). Ces avancées sont frappées d'alignement et progressivement supprimées.
Les communications avec les bourgades aux alentours se développent. Le 15 pluviôse de l'an IX (4 février 1801), le conseil municipal décide de planter des ormeaux sur la place et de creuser un fossé pour éviter la dégradation des charrettes. L'opération sera renouvelée en 1834 et 1846. En 1866, on décide du dépavage de la route pour faciliter la circulation des nombreux chariots et diligences.

Le Touch, dont les berges ne sont pas encore aménagées, provoque de fortes inondations en 1855 et 1875. Le pont vers Muret, bâti en 1790, est refait en maçonnerie en 1868. Celui sur la Saudrune, en direction de Saint-Lys, date de 1835. La route vers le Lherm et Poucharramet, qui n'était auparavant qu'une simple piste pour cavaliers, est ouverte en 1851.

En 1885, la commune de Saint Clar compte 528 habitants, la plupart situés au le village, le reste étant dispersé dans quelques fermes, ainsi que les châteaux de Géry et Castelcailloux.

Le 20ème siècle
Au début du siècle, le village est à cette époque très prospère, les façades en brique en témoignent. En 1908, on retrouve 48 commerces recensés sur les registres de la sous-préfecture. Les marchés de Saint Clar avaient une bonne réputation et on y trouvait beaucoup de poissons (grâce à des bassins de pisciculture, mais aussi aux nombreux poissons du Touch), des écrevisses, du gibier, des champignons, de la moutarde (moins célèbre que celle de Dijon, mais très appréciée des gourmets). Le vin de Saint Clar était également réputé et la vigne constitue la principale culture, avant l'invasion du phylloxéra, qui frappe ici comme partout en France.

La place est toujours un bien commun, servant de décharge aux habitants et d'espace de décapitation pour les bestiaux et la volaille. Meules de paille, fagots de bois, roues cassées et même du fumier encombraient les lieux. Les platanes actuels sont plantés vers 1910 et de la terre est rapportée pour éviter les mares par temps de pluie.
La route de Muret à Rieumes est pavée et goudronnée vers 1926-1928, l'électricité fait son apparition à la même période. Un autobus relie déjà Toulouse à Rieumes deux à trois fois par semaine.

Dans les années 1920 arrivent plusieurs familles italiennes, comme dans toute la région. Elles doivent contribuer à repeupler les campagnes. Le village ne compte en effet plus que 320 habitants. La baisse de population s'explique par les pertes de la Grande Guerre (20 hommes de Saint Clar sont morts à la guerre entre 1914 et 1918, 8 autres seront tués lors du second conflit), la grippe espagnole et l'exode rural.
Une trentaine d'agriculteurs exploitent principalement les céréales (le maïs et la pomme de terre, venus d'Amérique ne sont pas encore très répandus) et encore un peu la vigne. Ils pratiquent également l'élevage, mais essentiellement pour leurs propres besoins. Le moulin sur le Touch a fonctionné jusqu'au milieu de la décennie 1920-1930. Il y a encore trois moutardiers en activité. Mais il n'y a guère qu'une dizaine d'automobiles et seulement deux tracteurs dans le village en 1940.

Avant la Deuxième Guerre Mondiale, Saint Clar devient Saint Clar de Rivière.

Voici une carte de la ligne en 1923, avec les distances entre les gares. Une erreur s'y est glissée : Saint Lys et Fonsorbes ont été inversées ! Pour plus de détails sur cette ligne et d'autres, voir le site Chemins de traverses.

La ligne de chemin de fer
Cette ligne à voie métrique (écartement d'un mètre entre les rails) reliant de Toulouse (quartier Roguet / Saint Cyprien) à Boulogne sur Gesse est ouverte en 1900. Longue de 98 km, elle est concédée aux Chemins de Fer du Sud-Ouest. Le train permet aux producteurs locaux d'aller vendre leurs produits à Toulouse, mais aussi à la jeunesse de s'"aérer", tandis que les citadins viennent chasser et chercher champignons et autres produits du terroir. Quelques écoliers de la proche banlieue l'utlisent également. À Lardenne, il est possible d'emprunter ensuite le réseau de tramway existant à l'époque à Toulouse. Celui-ci comptera jusqu'à 26 (!) lignes en 1936 (la dernière fermera en 1957, victime de l'automobile).

Cette voie ferrée arrivait de Rieumes en s'écartant progressivement de la RD 3, rejoignait le Chemin de la Gare, au niveau du bâtiment du même nom, toujours bien reconnaissable. Elle passait le long du chemin de la Ruette, à l'emplacement du talus actuel (dans lequel, en creusant bien, on retrouve des clous), planté de chênes aujourd'hui. Descendant le Chemin de Bartichoun, elle longeait le Sagayot, passant le pont métallique que l'on traverse avant d'arriver à la station d'épuration. Elle croisait le chemin de Castelcailloux avant de rejoindre la route de Saint-Lys, où se trouvait la station dite de Lamasquère. Elle quittait ensuite la route pour filer, par l'actuel Chemin du Pré Saint-Jean, dans la plaine vers Fonsorbes (en longeant le bas des côteaux).

La ligne de chemin de fer est condamnée en 1949, concurrencée non pas par la voiture, très peu répandue dans les campagnes, mais par l'autobus, beaucoup plus fiable et plus rapide (les feux tricolores n'existent pas encore). Dommage, car ce train rendrait vraiment service aujourd'hui ...

Rubrique "people"
Des personnages connus ont séjourné dans la commune, tels que Jean Jaurès qui venait se reposer dans la famille Thierry au Castéras, ou le docteur Dominique Larrey, chirurgien de la Grande Armée, qui était propriétaire au Castéras. Citons aussi Antonine Castex, l'épouse de Clément Ader, ou encore P. de Péres de Géry, avocat au Parlement de Toulouse. Le sculpteur polonais Auguste Zamoyski a vécu dans la commune et y a travaillé durant de longues années. Le groupe scolaire porte aujourd'hui son nom.

Sources et remerciements
Nous adressons nos remerciements à l'Association Culturelle et Sportive, qui nous a fourni l'essentiel de ces informations. L'association vous propose visite et promenades dans le cadre de la manifestation "Un village ... un chemin", programmée par le Comité départemental 31 sport en milieu rural.

D'autres éléments sont issus de l'historique réalisé par Danièle Palomba pour les archives départementales de la Haute-Garonne.

L'historique du village peut également être retrouvé au travers de deux livres :